11 juillet 2023
Au Pays basque, Notox fabrique des planches de surfs pas comme les autres. Dans ce milieu de niche, ces planches écoconçues incorporant notamment de la fibre de lin ouvrent le champ de solutions alternatives performantes conciliant passion de la glisse et conscience de l’environnement.
L’histoire commence en 2005 par la rencontre de deux passionnés de surf, Pierre Pomiers et Benoît Rameix, tous deux salariés dans une entreprise de robotique industrielle.
Après avoir constaté que la production de planches de surfs était fortement consommatrice d'énergie, ils décident de mener à bien leur projet pour être proches de leurs valeurs dans une démarche plus responsable.
« On a réfléchi déjà en amateur sur des thèmes tels que la santé au travail, le cycle de vie des matériaux, l’élimination des déchets. Mais il fallait trouver les moyens de concrétiser notre projet et on a quitté nos boulots respectifs pour se lancer dans l’aventure, » explique Pierre Pomiers.
Leur concept ? Proposer aux surfeurs des planches sur mesure en harmonie avec leur pratique du milieu naturel, en lien avec une production plus éthique afin de réduire l’impact environnemental.
Lauréat du concours innovation lancé par la Bpifrance (Banque Public d’Investissement), le duo obtient une aide précieuse de 20 000 €, qui leur permettra de lancer les premiers prototypes de planches en fibres naturelles.
Le premier objectif décisif de Notox a été d’installer un atelier pour fabriquer leurs propres modèles de planches. Un lieu opérationnel et sain ayant pour vocation d’accueillir le changement progressif du procédé de fabrication et l’expérimentation, au service du bien-être au travail autant que du rendement de l’entreprise.
S’en suivirent, l’emploi de matériaux plus naturels et un cadre de travail optimum (aération et ventilation des locaux, réduction de la résine, par un procédé d’application sous vide…).
« Après avoir observé les dommages de certains ateliers traditionnels qui emploient des résines toxiques sans ventilation suffisante, rejettent des poussières fines sans protections efficaces pour les salariés, et des déchets non recyclés, il nous est apparu évident de travailler dans le sens de la santé et du bien-être au travail ».
Mais rester compétitif a impliqué la mise en place de certains compromis, la première année du lancement. En parallèle des recherches sur les planches de surf à base de fibres naturelles, Notox a poursuivi une production de modèles standards pour l’équilibre de l’entreprise. Peu à peu les matériaux ont été substitués, tout en contrôlant leur traçabilité et en garantissant un niveau équivalent de performances et de propriétés mécaniques. La mousse polyuréthane a été remplacée par du polystyrène recyclé. Les résines en biosourcées sont celles renouvelables issues de la pétrochimie, et 50% naturelles. Enfin les fibres naturelles certifiées utilisées en renfort, remplacent, quant à elles, les fibres de verre. « On a testé le coco, le sisal, le chanvre, le jute… Après de nombreux tests, on a choisi la fibre de lin, pour ses propriétés mécaniques excellentes et la qualité de sa production française et européenne ».
Leur premier collaborateur et transformateur du lin, l’entreprise belge Libeco a fourni plusieurs types de tissages : l’un est unidirectionnel placé sous la planche, tandis que l’autre est un sergé plus épais sur le dessus, et encaisse les chocs. « De plus, afin de réduire l’impact environnemental, 75% des déchets issus de notre production sont recyclés, et il ne reste que 1 kg de déchets non retraités par planche produite par le biais d’un circuit court, proche de l’atelier. ». Tous les déchets de polystyrène sont collectés par Knauf (labellisée Uni'vert PSE) qui les recycle et les réutilise comme matière première dans son usine de Casteljaloux. Quant aux déchets de lin, même traitement, une seconde utilisation est envisagée dans un circuit court de récupération de vêtements, mais aussi dans la fabrication de feutres d’isolation pour le bâtiment.
Les qualités des nouvelles planches en fibres de lin ont été rapidement testées sur les vagues des océans auprès des surfeurs. Les avis, plus que favorables, portent essentiellement sur l’élasticité et la résistance.
Certains des ambassadeurs de Notox comme l’association de surfeurs bretons Lost in the Swell, ont pu expérimenter les planches en lin, voyageant sur les océans du monde entier, dans des spots encore inexplorés et des conditions extrêmes !
Ils ont confirmé la haute valeur ajoutée des planches en lin, notamment pour « l’absorption des vibrations, qui tape sur le plan d’eau tout en adoucissant la sensation de clapots pendant une prise de vitesse. »
Les planches en fibres de lin restituent les appuis et les efforts fournis, encaissent la déformation et les chocs, restituent l’énergie reçue, avec un effet ressort… Un double jeu provoqué par le textile extrêmement tendu d’un côté et sollicité en tension, et de l’autre le textile bloqué sur lequel on agit sur l’élasticité de la fibre.
Avec six employés, l’entreprise reste ancrée dans ses valeurs et sa démarche plus responsable afin de réduire l’impact environnemental : fabriquer des planches en lin composite sur mesure et donc des produits plus qualitatifs pour la communauté des surfeurs… Pour aller plus encore dans l’écoconception, appuyée par une agence conseil en RSE, Notox a pour ambition cette année, de développer un surf-score, afin de rendre lisible l’emploi et le cycle de vie des matériaux, l’impact environnemental, à partir de 6 critères bien définis.
50 bougies pour Lapuan Kankurit, le joli nom du lin !
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